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Intelligence artificielle, intelligence humaine : complémentarité ou concurrence ?

À la suite de la sortie grand public de Chatgpt dont je parlerai en fin d’article, on voit beaucoup de textes et de vidéos. Beaucoup se demandent si les machines pourraient demain remplacer les humains.

Dans son livre « Computing Machinery and Intelligence », Alan Turing, qui a posé les bases de l’informatique moderne dit :

Nous pouvons dire qu’une machine pense parce qu’elle peut faire des choses qui, si elles étaient faites par des êtres humains, seraient décrites comme de la pensée.

Cette citation montre que Turing croyait que les machines avaient une forme de pensée mais que celle-ci ne fonctionnait pas comme celle des êtres humains. Les machines utilisent des méthodes algorithmiques et logiques pour résoudre des problèmes.

L’Intelligence artificielle est déjà partout

Chatbot conversation
Image par alexandra Koch sur pixabay.com

Sans que nous nous en rendions vraiment compte, l’IA est partout et il devient de plus en plus difficile de s’en passer. Les ordinateurs, les smartphones utilisent de plus en plus d’intelligence artificielle. Siri, Google assistant, Alexa cherchent à notre place des informations. Les applications GPS nous indiquent les itinéraires les plus rapides. La domotique prend une part croissante dans nos habitations.

L’Intelligence artificielle est utilisée aussi pour les logiciels de détourage en photographie. La reconnaissance faciale, la recherche prédictive de Google mais aussi les SMS recourent à des IA. Les systèmes de diagnostic médicaux basés sur l’intelligence artificielle aident les médecins à diagnostiquer des maladies. Les entreprises utilisent l’IA pour cibler les publicités en ligne en fonction des intérêts et des comportements des utilisateurs. Dans le domaine cinématographique, personne ne trouve étonnant de voir le réalisme des films de science-fiction.

L’intelligence des machines

La vitesse de calcul des ordinateurs suit une croissance exponentielle depuis plusieurs décennies.
Des données de plus en plus nombreuses sont fournies aux machines et on affine sans cesse les algorithmes. Les IA ressemblent à de l’intelligence humaine car tout ce qui les alimente est conçu par de l’intelligence humaine. En cela, elles paraissent proches de nous.

Robot humanoïde Pepper
Photo de Alex Knight sur unsplash.com

Les machines sont-elles capables d’empathie ?

Des expérimentations ont eu lieu dans des Ehpad. On a pu prouver notamment auprès de « profils Alzheimer » une réelle interaction entre le robot Pepper (photo) et les humains pensionnaires.
Ces robots ont appris à reconnaître des émotions et à exprimer des attitudes que pourrait exprimer un humain éprouvant de l’empathie.

La différence entre l’humain et le robot ? Pepper montre de l’empathie systématiquement. L’être humain le fait s’il en a envie. Pepper n’a pas d’état d’âme, n’est pas fatigué, n’est pas violent…

Les machines sont-elles capables de créer ?

Si vous souhaitez obtenir une image dans le style d’un grand peintre, certains outils le permettent déjà. L’assemblage d’un grand nombre de données permet la création, à savoir imaginer quelque chose qui n’existait pas mais qui n’est pas totalement nouveau.
L’être humain aussi est un copieur de ce qu’il voit et lui procure de l’inspiration.

L’intelligence artificielle doit-elle ressembler en tous points à l’intelligence humaine ?

Un humain pixellise en 3d le visage d'un être humain
Image de Placidplace sur pixabay.com

Si l’on veut que les machines soient des copies conformes de l’être humain, il faudra les doter de biais cognitifs, leur laisser commettre des erreurs. Faudra-t-il les paramétrer pour simuler une addiction aux drogues, leur donner des pensées suicidaires ou violentes ?

Laissons cela à la science-fiction, c’est totalement sans intérêt !

En revanche des logiciels d’analyse de données peuvent aider les scientifiques à détecter des schémas ou des anomalies qui pourraient conduire à de nouvelles découvertes. Dans ces cas, l’IA ne remplace pas l’être humain mais lui fournit des informations et des outils supplémentaires. On pourrait dire que l’IA dope l’intelligence des humains quand ces derniers les utilisent avec discernement. 
Il faudra cependant définir un cadre dans lequel pourra évoluer l’intelligence des machines. Le prochain texte « Intelligence Artificial Act » est une initiative européenne visant à encourager la recherche et le développement de l’intelligence artificielle. Ce texte vise également à promouvoir des normes éthiques et à sensibiliser les citoyens aux enjeux de l’IA. Le projet prévoit aussi la mise en place d’un fonds pour financer les projets innovants en matière d’Intelligence artificielle.

Contrôler les usages grand public de l’intelligence artificielle

Intelligence artificielle ayant la forme d'un cerveau humain
Image de Gordon Johnson sur pixabay.com

L’être humain est particulièrement imaginatif quand il s’agit de nuire à ses semblables.
Il est impossible de prédire comment ces technologies vont évoluer. La conduite automobile autonome ne devait-elle pas devenir la norme ? Les télévisions 3d ne devaient-elles pas s’imposer ?
Il y aura de mauvais usages, des copié-collé hasardeux. Certains « rédacteurs » utilisent déjà massivement des « machines à produire du texte au kilomètre » et ce sans même vérifier leurs sources ou même se relire. Le média en ligne Presse-citron ne titrait-il pas récemment : « L’astéroïde qui est tombé sur la France avait plus de 4 milliards d’années ».

Rassurez-vous, l’astéroïde n’est pas tombé sur la France car je crois que nous nous en serions rendu compte.
Aurons-nous aussi la sagesse de limiter les usages inutiles et dévoreurs d’énergie alors que celle-ci commence à manquer dans le monde ? Difficile à savoir ! L’IA ne doit pas être un gadget de plus !

Les intelligences artificielles, complices des auteurs de fake news

Illustration d'un hacker numérique
Image par Gerd Altmann sur pixabay.com

Bien évidemment, certains malfaisants vont utiliser ces intelligences dans le domaine des fake news. Chatgpt est très efficace dans la génération de code informatique. Les pirates pourraient ainsi gagner du temps pour créer de fausses pages d’accueil d’organismes bancaires par exemple. Le tout pourrait être associé à une campagne d’e-mailing très convaincante, conçue par l’IA.

Les humains auront de plus en plus de mal à distinguer le vrai du faux. Une étude réalisée par des chercheurs britanniques de l’université d’Oxford, de l’université Brown et de la Royal Society inquiète par ses conclusions.
Alors que les participants étaient prévenus qu’un deepfake se trouvait parmi les 5 vidéos qu’on leur soumettait, 78 % d’entre eux n’ont pas su le repérer. Il arrivait même que ceux à qui on signalait directement la vidéo fausse, refusent d’y croire.

Google, les intelligences artificielles et le droit d’auteur

un bras de bagnard vole le cerveau d'un humain représenté par une ampoule allumée
Image par Mohamed Hassan sur pixabay.com

Google développe depuis plusieurs années les recherches « Zéro Click ».
Si vous posez une question à Google, ce dernier choisit en premier résultat l’extrait d’un article qui semble répondre à la question posée. Si Google ne s’est pas trompé, vous n’aurez pas besoin de vous rendre sur le site qui contient la réponse. 2 recherches sur 3 s’effectueraient sans clic. Bien sûr, une partie de ces non clics vient du fait que le résultat n’a pas été trouvé. Mais ce fonctionnement conduit à une diminution de fréquentation des sites pour le seul bénéfice de Google.

Pour apparaître dans les tous premiers résultats, certains rédacteurs ont pris l’habitude de réaliser des textes courts qui répondent à des questions simples. Google identifie ce contenu et le place en tête de la recherche.
Il est amusant de constater que le rédacteur web participe ainsi, en cherchant la meilleure place dans le moteur, à la non-fréquentation de son site web. Notre monde est surprenant !
Pour un outil comme Chatgpt, la situation est encore pire puisque l’outil compile les données des sites mais ne donne jamais ses sources. Non seulement le droit d’auteur n’est pas respecté mais de plus l’authenticité de l’information ne peut être contrôlé directement.

L’actualité de ce début d’année 2023 est bien sûr Chatgpt

Chatgpt est un outil d’intelligence artificielle très polyvalent. Il peut rédiger des textes, traduire, générer des résumés, faire du code informatique, faire des calculs arithmétiques très poussés, répondre à énormément de questions…

Page accueil Chatgpt
Capture d’écran page accueil Chatgpt

A l’origine de Chatgpt, en béta test, il y a un laboratoire de recherche OpenAI dont les principaux fondateurs sont Sam Altmann et Elon Musk (eh oui, encore lui !). Chatgpt est la version grand public de Gpt-3. Gpt-3 peut quant à lui être interrogé avec le playground de Gpt-3 mais l’outil est plus complexe. Il faut citer aussi l’extension « AIPRM for Chatgpt » qui propose des prompts (requêtes) extrêmement détaillées et efficaces pour Chatgpt, créées par des utilisateurs de sa communauté.

D’après cette étude Odoxa, 1 Français sur 5 a déjà testé Chatgpt.
Ceux qui connaissent et utilisent Chatgpt sont bluffés par ses performances. Il est capable de s’adapter à un public particulier, de faire preuve d’humour…
En revanche, la base de Chatgpt n’a aucune donnée pour les années 2022 et 2023, pour l’instant !

Chatgpt pour le meilleur et pour le pire

Page présentation Chatgpt
Image de Siva photography sur unsplash.com

L’éditeur de ChatGPT, a bien identifié le risque de plagiat et tente d’y remédier. L’idée serait d’ajouter « un signal secret et imperceptible » à ses productions afin de montrer qu’elles ont été rédigées par une IA et non par un humain.
Openai est conscient aussi des risques de dérives de son outil. L’une des nouveautés qui pourrait apparaître, ce serait la possibilité pour l’utilisateur de personnaliser l’IA en fonction de sa sensibilité.

J’ai eu l’occasion de tester Chatgpt pour mon précédent article. Celui-ci donnait systématiquement tort aux élus et raison aux citoyens. C’était un biais que je ne souhaitais pas. Rappelons que ce sont des humains qui paramètrent les algorithmes et vous ne pensez pas forcément comme eux.
ChatGPT, tout aussi incroyable qu’il soit, écrit parfois des réponses plausibles mais incorrectes ou absurdes. Par exemple Chatgpt a été capable de répondre à la question : quelle est la différence entre un œuf de poule et un œuf de vache ?
L’outil est conçu pour refuser des théories du type « Le réchauffement climatique n’existe pas » Mais on peut bien sûr lui demander « Quels sont les arguments de ceux qui pensent que le réchauffement climatique n’existe pas ». Et donc !

Gpt-4 est-il l’avenir des moteurs de recherche

L’arrivée de Chatgpt inquiète le premier moteur de recherche dans le monde, à savoir Google. Ce dernier a annoncé « Bard » mais cet outil n’est pas disponible à ce jour.
Aujourd’hui, c’est Microsoft qui mène la danse.

Exemple requête sur le nouveau Bing de Microsoft
Capture d’écran Bing new

Rappelons que Microsoft est entré dans le capital d’Openai. Il a donc libre accès à la base de données, ce qui lui évite de perdre du temps à créer un outil concurrent. On peut accéder à « Bing new » sur invitation.
Sur l’illustration ci-dessus, on peut voir l’intégration du moteur et de Chatgpt dans la même page web. Cela donne un outil particulièrement puissant que j’ai apprécié. L’intérêt est aussi que le texte généré sur la droite intègre des renvois vers les sources, ce que ne fait pas actuellement Chatgpt. Si vous n’avez pas accès à Bing new, vous pouvez tout de même rechercher l’extension WebChatGPT. Elle existe pour Chrome et Firefox. Elle n’allie pas un moteur de recherche et Chatgpt mais elle cherche dans les ressources web au sein de l’outil Chatgpt.

L’année 2023 sera-t-elle celle de l’apogée des IA ? A suivre…

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