Pourquoi le site on ne sait jamais

Je suis né dans les années 50. L’information passait à l’époque uniquement par les relations sociales, l’école et la presse.

En cette période, disposer de l’information donnait un réel pouvoir. La plupart des gens ne savaient pas grand chose. Mais tout le monde prétendait tout savoir. On prenait ses intuitions pour de la connaissance. Les personnes âgées avaient de « l’expérience », les parents savaient tout, les élus étaient légitimes, le pilier de bar expliquait aux autres ce qu’il fallait penser …  

L’informatique des années 80 n’a pas eu d’effet majeur sur le grand public mais elle a rendu possible une véritable révolution : Internet. Sur mon premier blog en 2006, mon slogan était déjà :

L’information est un droit, le web est son vecteur 

Un slogan qui ne m’a pas attiré que des amitiés ! A l’époque on privilégiait la proximité géographique. L’informatique était considéré encore comme un frein à la relation sociale.

Internet a permis d’accéder vraiment à la connaissance, de partager des opinions mais aussi d’augmenter la puissance de la désinformation. Internet a permis à n’importe quel citoyen de devenir leader d’opinion. Et plus les propos sont polémiques, plus ils font de l’audience.

“La seule chose que je sais c’est que je ne sais rien”, disait Socrate.

on ne sait jamais des questions et des points d'interrogation
Illustration de Arek Socha sur pixabay.com

L’idée de ce site m’est venu peu après le début de la pandémie. La crise que nous avons traversé a montré que nous avions en France 67 millions de sachants. Si certains reconnaissaient ne pas savoir, la plupart avait compris comment le virus allait évoluer et bien sûr ce qu’il fallait faire pour vivre comme avant.

L’intelligence artificielle risque de compliquer encore notre compréhension de l’actualité. Dans une société où l’information passe par la viralité, les fake news, les images truquées, les voix imitées vont être davantage diffusées et partagées. On ne sait jamais si une information est fausse ou destiné à une manipulation. Il est plus facile de diffuser une fake-news que de démontrer pourquoi c’en est une.

Les médias « info en continu » ont pris l’habitude de contraindre leurs invités à donner leur position même quand ceux-ci ne savent pas la réponse pour la question posée. La cadence de diffusion de l’information augmente sans cesse en quantité mais pas en qualité. Les journalistes coupent la parole de leurs interlocuteurs sans leur laisser le temps d’expliquer. C’est une course à la vitesse, à la réponse flash. Audimat oblige ! On a pris l’habitude de mettre sur le même plan le scientifique, la femme ou l’homme politique et les « auto-proclamés ». Tout cela donne le sentiment à tout un chacun de détenir LA vérité.

Je laisse la parole à Étienne Klein, physicien, directeur de recherches au CEA et docteur en philosophie des sciences qui illustre avec brio mon propos.

Le site onnesaitjamais.net abordera l’actualité. Je reviendrai aussi sur ce que j’ai appris durant mon parcours de vie ainsi que sur mes erreurs. Car comme tout un chacun, j’ai cru longtemps que je savais. J’ai fini par comprendre que ce que j’imaginais être la vérité pouvait s’avérer faux. J’ai appris à me méfier de mes certitudes et à me rendre compte qu’on ne sait jamais ce qui peut se produire. La vie est une incertitude permanente.

Il me semble que la violence que nous voyons se développer partout s’appuie sur ce postulat :

Je sais… et si les autres ne sont pas d’accord avec moi, c’est qu’ils ont tort.

Sur ce site, il ne s’agit pas de pontifier mais de vous parler de mes errances, de mes questionnements, de ce à quoi je crois, de ce qui m’interroge.

Pour conclure, je vous propose d’écouter Jean Gabin : Maintenant je sais, je sais qu’on ne sait jamais.

Maintenant, vous avez tout loisir de choisir ce qui vous intéresse